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Émile Léon Pérot était mon Grand-père maternelle. Tout le mode l'appelait Léon. Il est né le 19 janvier 1901 à Couvonges (Meuse) et est mort en 1997 à l'hôpital de Rambouillet (Yvelines) proche de son dernier domicile. C'était un homme "ordinaire", j'y consacre une page pour publier un extrait de son journal de captivité. En effet, en 1940, il était militaire de carrière (adjudant-chef) et au moment de la débâcle, il a été arrêté par les Allemands. Il quitte sa famille à Écommoy près du Mans dans la
Sarthe le 9 mai 1940 à la fin de sa permission. Il a 39 ans. Il est capturé le
18 mai. Il ne rentrera à Paris qu’en 1945 convoyé par la Croix-rouge. A la déclaration de la guerre, le 2 septembre 1939, Suzanne son épouse (ma grand-mère) et les 3 filles étaient en vacances à Couvonges. Ne pouvant retourner à Metz - Ban St Martin, sa fille aînée (12 ans) et la cadette (8 ans) y commence l’année scolaire. Entre temps sa femme était allée à Metz déménager le pavillon où ils habitaient. Le mobilier, la vaisselle et le linge ont été entreposé à Belval en Argonne (Marne), dans la maison de la grand-mère maternelle de Suzanne. L’argenterie, des draps et du velours rouge (qui devait servir à faire des robes de chambres) sont entreposés dans le grenier à Couvonges dans une malle. Tout cela est resté pendant plusieurs années, en attendant le retour. Léon et Suzanne ne pensaient pas que cela durerait si longtemps. Fin novembre, Suzanne et ses 3 filles quittent Couvonges pour Écommoy où le régiment de Léon s’était replié comme bien d’autres. Elles devaient y rester uniquement 15 jours, elles y resteront 4 ans. L’installation n’est pas très confortable mais ils
semblent être en sécurité. Léon est resté quelques semaines auprès de sa
famille mais en janvier 40, il est nommé en région parisienne. Vu son age, 39
ans, et surtout père de 3 enfants, il aurait pu rester à Écommoy. Mais son
esprit patriote, son sens du devoir, déjà, a fait qu’il a demandé à
partir. Et cela a été vite ! En mai 1940 il revenait en permission, il repartait le 9,
son régiment allait au front. Le 18 mai 1940,
il est fait prisonnier à Montbréhain
dans l’Aisne. Sa famille est restée de longues semaines sans nouvelle. Le 2 juin sa fille aînée faisait sa communion
solennelle et Léon était porté disparu. Il a été transféré à Sagan jusqu’en 1941 puis à
Großbeeren (au sud de Berlin) où,
refusant de travailler pour l’Allemagne, il sera alors emmené, lui et ses
camarades, à Waal le 17 avril 1941 (voir page 10
du carnet), puis à Zitenortz, Fürstenberg (1 mois) (la ville de Basse-Saxe ou
du Brandebourg où est citué le camp de Ravensbrück ?) puis enfin, après juin
1942, vers la Pologne à Kobierzyn
au camp 369, jusqu’au 1er février 1945. Devant l’avancé des
alliés, ils sont expédiés de force vers l’Est : 526 km de marche en 33
jours puis Ziegenheim jusqu’à l’arrivée des Américains, le 11 avril 1945. Il sera de retour à Bar le Duc le 13 avril 1945 :
1791 jours de captivité !!! Ce carnet de l’année 1941
est le seul qui soit resté par "miracle" après que Léon eu brûlé
les autres, suite à une rage (il n'était pourtant pas coléreux), en considérant
que ça n’intéressait et n’intéressera personne de la famille. Une de ses
petite-fille se souvient qu’il lui avait proposé de les lire. A l’époque,
elle était certainement trop jeune et lui a répondu qu’elle n’en avait pas
envie. D’après elle, c’est sa réponse qui a encouragé Léon à détruire
tous les autres carnets. Celui-ci a été retrouvé dans la bibliothèque de sa
dernière maison lors de la vente de celle-ci en 1999. C’est en la vidant que
j’ai retrouvé ce carnet au fond. Pourquoi n’était-il pas avec les autres ?
Pourquoi n’a-t-il pas été détruit ? Pourquoi a-t-il des pages très
importantes arrachées ? Nous ne savons pas. Les mots soulignés l’étaient
de sa main. |
Carnet de voyage vincent.dalmeyda(chez)free.fr |